L’expertise

En novembre, je me suis inscrit au séminaire d’expertise psychiatrique animé par le Dr Zagury. De l’infanticide aux « tueurs en série », j’ai découvert le monde de la criminologie, cette rencontre entre la justice et la médecine. Ainsi, tous les quinze jours, deux « cas » étaient présentés, analysés, disséqués afin d’essayer de comprendre les mécanismes qui peuvent faire basculer les hommes dans la folie.

Mais finalement, qu’est-ce que l’expertise psychiatrique ?

L’expert est présenté dans le code pénal comme un « technicien », disposant d’un « savoir » particulier et de compétences singulières, qui réalise un travail que le juge ne pourrait réaliser lui-même.

« Toute juridiction d’instruction ou de jugement, dans le cas où se pose une question d’ordre technique, soit à la demande du ministère public, soit d’office, soit à la demande des parties, peut ordonner une expertise » (Art. 156 du CPP). Ainsi, l’expert psychiatre est mandaté par la justice pour répondre à une ou des questions.

Fréquemment, il lui sera demandé de déterminer si le discernement du prévenu au moment des faits était aboli, altéré ou conservé. Selon cette analyse, la peine pourra donc être modifiée.

En effet, le code pénal prévoit des causes d’irresponsabilité pénale, c’est-à-dire des motifs grâce auxquels la personne auteure d’infractions pénales ne pourra pas être jugée responsable pénalement de ses actes. Si l’abolition entraîne l’irresponsabilité, l’altération suppose qu’une partie du libre arbitre n’avait pas totalement disparu et que le prévenu a été capable de comprendre une partie de ses actes.

Comment procède l’expert ?

Pour rendre ses conclusions, le psychiatre dispose d’un accès aux dossiers médicaux et judiciaires. Il doit également s’entretenir une ou plusieurs fois avec l’accusé.

L’objectif du psychiatre est de décrire l’état psychique du prévenu au moment des faits, mais aussi avant et après son arrestation. La notion de temporalité est donc au centre de toute expertise psychiatrique.

Après avoir recherché les principales pathologies psychiatriques pouvant abolir le discernement, le psychiatre va essayer de saisir les processus psychopathologiques pouvant expliquer le passage à l’acte du prévenu.

Comment, un homme, une femme d’allure ordinaire peuvent sombrer dans le crime ? Pourquoi un fils, tue-t-il son père ?  Des situations toutes dramatiques que l’expert va tenter de sonder, scrutant leurs passés pour éclaircir le présent. Faire la lumière sur une circonstance particulière, déceler les étapes psychique ayant conduit à de funestes décisions.

Côtoyer le monde du crime, effleurer leurs vies, traduire en mots leurs mouvements psychique rend humble. Si conduire une expertise est difficile, rendre un jugement l’est encore plus.

Annoncer aux parents d’une victime que le présumer coupable ne l’est pas car c’est un psychotique délirant est un exercice compliqué. Ecrire une expertise, porter une conclusion c’est aussi savoir que ce sont des vies qui seront à jamais marquées.

Etre expert psychiatre c’est permettre la collaboration entre la médecine et le droit, entre l’esprit et la raison.

2 comments

faire une remise de peine à une personne soit disant psychotique ! tant qu’il y aura remise de peine, il y aura stigmatisation des maladies mentales car les média associeront maladies mentales et meurtre .Même en plein délire il y a des instants de lucidité même si orchestré par un délire… alors pourquoi certain qui ont ce geste devrait être materner par les lois. c’est un peu comme une culture du fou dans l’inconscient collectif qui aurait perdu toute lucidité… je sais que cela existe mais généralement ces personnes qui n’ont plus de lucidité n’ont pas les capacités cognitive pour anticiper un meurtre faire cela loin des regards etc ou autre après c’est mon point de vue qui ne s’applique pas a chaque situation certes mais dans le fond je pense que la psychiatrie devrait avancée sur les profils « psychopathe » et non sur le rapport maladies mentales-meurtre.

Chaque situation est différente, c’est pourquoi il existe des psychiatres expert. La prison n’aidera pas quelqu’un qui a tuer lors d’un épisode délirant, une prise en charge psychiatrique pourra au contraire lui faire prendre conscience de ses actes, c’est le rôle des UMD. Je ne peux que vous conseiller de lire le « syndrome de l’imposteur » de Claire le mens, c’est un roman graphique qui traite en grande partie de ce sujet et qui cite de nombreuses études tout en restant abordable 🙂

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