Le sportif

Récemment, j’ai reçu un jeune athlète pour trouble panique. Depuis plusieurs semaines, il souffrait de plusieurs crises d’angoisses par semaine.

Lorsque j’ai évoqué l’idée d’associer un traitement médicamenteux à la psychothérapie, il m’a fait part de nombreuses inquiétudes : « Ses performances risquent-elles d’être perturbées ? Son métabolisme va-t-il se modifier ? Ce médicament peut-il être considéré comme un produit dopant ? »

Je me suis alors penché sur la question, et j’ai décidé de présenter à mes chefs et mes co-internes, les résultats de ma recherche.Le sport de haut niveau est une notion reconnue par le Code du sport et par la Charte du sport de haut niveau (fondée sur les principes déontologiques du sport).

Elle repose sur des critères bien établis qui sont :

  • la reconnaissance du caractère de haut niveau des disciplines sportives ;
  • les compétitions de référence (Jeux Olympiques, Championnats du monde et Championnats d’Europe) ;
  • la liste des sportifs de haut niveau.

Le dopage, quant à lui, selon le Comité International Olympique (CIO, 1999) concerne l’usage d’une substance ou d’une méthode potentiellement dangereuse pour la santé des athlètes et/ou susceptible d’améliorer leur performance et la présence dans l’organisme de l’athlète d’une substance ou la constatation de l’application d’une méthode qui figure sur la liste annexée au présent code.

Capture d_écran 2018-12-11 à 20.41.38(Tableau provenant de la revue du praticien)

Pour un athlète, toute prescription médicamenteuse doit amener à se poser les questions suivantes :

  • Va-t-il y avoir une diminution des performances ?
  • Va-t-il y avoir une augmentation des performances ?
  • Y’a-t-il des risques pour la santé ?

En effet, si pour un patient lambda, une perte de quelques dixièmes de secondes au cent mètre sera acceptable, pour un athlète, la question de la diminution des performances physique reste au cœur de ses préoccupations.

De plus, le sportif évolue dans des conditions particulières, il peut y avoir des modifications métaboliques à prendre en compte dans la prescription.

Ainsi, l’étude de Claudia L. Readon : The sports psychiatrist and psychiatric medication répond à l’ensemble de ses questions en proposant des « guideline » sur la prescriptions des psychotropes chez les sportif.

Il s’agit d’une revue de littérature de 37 articles anglo-saxon, publié en 2016.

En voici les principaux résultats qui j’espère pourront vous servir. J’ai choisi de les présenter sous la forme d’un tableau pour plus de compréhension.

MédicamentsA préférerA éviter
AntidépresseurPrincipalement prescrit chez les athlètes pour :
Dépression
Troubles alimentaires
Troubles anxieux

 La Fluoxétine le meilleur choix selon deux études => pas d’impact sur la performance.

La Paroxétine =>diminue les performances physiques des athlètes d’une étude sur deux.

Peu d’études sur les Tricycliques =>effets secondaires mal tolérés par les athlètes (prise de poids, sédation…)

Anxiolytique et hypnotiquePrincipalement prescrit chez les athlètes pour :
Anxiété (surtout de performance)
Insomnie

 La mélatonine le meilleur choix pour gérer le « jet-lag » => pas d’effet sur les performances. Zolpidem et Zopiclone pour les troubles du sommeil  => pas d’effet sur la performance, pas d’effet sédatif le lendemain.

Éviter les benzodiazépines =>  diminution de performance , notament le lendemain, donc préférer les demies vies courtes.

 Éviter les bétabloquants pour les anxiétés de performance => interdit dans de nombreux sports, étude démontrant la diminution de la force musculaire.

Régulateur de l’humeurPossibilité de diminuer les seuils de lithémie chez le sportifPeu d’informations => pas d’étude sur la performance

Problème des effets secondaires => exemple des tremblements induit par le lithium

Danger d’utilisation => lithium peu devenir toxique si l’athlète transpire beaucoup
AntipsychotiqueFavoriser l’aripirazole car peu d’effet métaboliquePeu d’informations

Beaucoup d’effets secondaires cardiaques et métaboliques => surveillance cardiaque importante

StimulantPréférer l’utilisation d’autre molécule que le méthylphénidate pour traiter le TDAH => favoriser les approches psychothérapeutiqueLes stimulants sont connus pour augmenter les performances physiques notamment au niveau de la force, l’accélération, la fatigue et de la fréquence cardiaque.

Ils peuvent être dangereux en cas d’exercices physiques en haute température, car les athlètes ne perçoivent plus le « stress thermique ».

En pratique, il est donc conseillé de se servir du site de l’AFLD avant toute prescription de médicaments chez le sportif, c’est un site qui recueille l’ensemble des médicaments utilisable ou non chez le sportif à la manière du CRAT des femmes enceintes.

Enfin, créées en 2007, les Autorisations d’usage à des fins thérapeutiques (AUT) permettent aux sportifs de suivre un traitement à base de médicaments contenant une substance interdite.

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