La série

Médecins titulaires absents et mis en quarantaine, les internes se retrouvent seuls pour gérer tout un service de l’hôpital.

Caméra à la main Thomas Lilti, nous entraine au cœur d’un hôpital de périphérie parisienne sous pression. S’en suit une série d’urgence et de situations complexes que les différents protagonistes devront apprendre à gérer.

La série débute donc sur une intrigue peu réaliste, un pathogène non identifié envoie en quarantaine les médecins senior du service de médecine interne.
Dans ce genre de situation, n’est-il pas de la responsabilité de la direction de l’hôpital de fermer le service et d’adresser les patients ailleurs ?

Ce qui parait également étrange c’est que personne ne semble se soucier de la probable contamination des autres patients, ont-ils pu être contaminé eux aussi ?
Mais après tout, c’est de la fiction, et ce n’est pas la première fois qu’une série médicale se permet un raccourci.

Nos quatre jeunes médecins se retrouvent ainsi confrontés à de nombreuses situations délicates.

Entre médecine polyvalente, endocrinologie et réanimation, finit l’image du soignant invincible, Lilti nous montre l’humain, l’interne seul face à la maladie, face à la mort.

Les deux internes de phase socle – Hugo et Alyson –  vont devoir faire leurs preuves et prendre des décisions parfois difficiles, épaulés par Chloé une interne de réanimation en dernier semestre et Arben, un FFI détaché du service de médecine légale de l’hôpital.

Chacun semble trouver sa place. Les médecins ne sont pas érigés en sauveur de l’humanité, surpuissants. Leurs doutes et faiblesses sont filmées, ce qui les rend d’autant plus attachants.

Les premiers semestres ne sont pas filmés comme des étudiants totalement dénués d’expérience. Ils ne sont certes pas surs d’eux, mais prennent au fur et à mesure leurs marques dans ce microcosme hospitalier. Nous comprenons à travers cette série toute la responsabilité qui pèse sur ces étudiants fraichement sortis du cauchemar des ECN, érudits en théorie mais décontenancés devant la détresse de certains patients.

La série n’est pas aseptisée ni « glamourisée » comme peuvent l’être certaines séries type « Dr House » ou « Grey’s Anatomy ».

Le spectateur est plongé au sein d’un hôpital public. Les peintures sont vieillissantes, les draps jaunes floqués aux insignes de l’AP-HP, les bureaux des internes sombres et exiguës, l’internat recouvert de fresques aux dessins plus qu’explicites et les chambres de gardes miteuses.

Bref, nous sommes loin de la clinique aux murs blanc immaculé, aux sols impeccables et personnel pimpant.

Les raisonnements médicaux tiennent également parfaitement la route, il n’est pas rare que je m’exclame « varices œsophagiennes » juste avant que le diagnostic soit posé. Les patients sont également extraordinairement bien joués, la comédienne Alice Belaïdi confie même dans Kombini qu’une actrice de 100 ans qui jouait une patiente « a cru que la scène, c’était la vérité ».

Encore une fois, Thomas Lilti met un point d’honneur au réalisme de ce qu’il nous dévoile, pourtant il manque une touche de crédibilité quant à la façon de montrer la Direction de l’hôpital uniquement représentée par Nathalie Ferrand, en conf call ou en train de manger des sushis sur la terrasse de son bureau. Celle-ci doit faire face à une pénurie de soignants, au manque de moyen financiers et matériels. Est-ce la vision du personnel soignant, des cadres hospitaliers ? Mais il ne faut pas oublier qu’eux aussi doivent gérer des urgences même s’ils ne soignent pas directement de patients en danger de mort.

La série représente assez bien les problématiques actuelles du service public hospitalier à savoir le manque de moyen humain, financier et matériel, les problèmes de communication entre les différents services, entre l’administration et les soignants, entre collègues.

Nous comprenons la difficulté que cela doit être pour le corps médical de soigner des patients dans de telles conditions.

Pour conclure le réalisme de la série tient le téléspectateur en haleine !
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Article co-écrit avec Madame Del.