L’adieu
Nourrisson, j’avais grandi avec mon cousin, nous n’avions que quelques mois d’écart. Ma grand-mère, ancienne sage-femme, dans sa verve méditerranéenne, nous le rappelait souvent « vous avez quasiment partagé les mêmes couches ». Enfant, nous parcourions le jardin, enterrant des trésors, construisant des pièges, vivant d’innombrables aventures. Et puis la vie vous rattrape toujours, l’éloignement, les épreuves aussi, et nous prîmes des chemins d’apparences différents mais pour finir plus semblables que nous le pensions.
La thèse
C’est le grand jour, l’instant où tout semble se jouer alors que la partie n’est pas vraiment terminée : je passe ma thèse. Vingt personnes, le portrait d’Hippocrate, deux années de travail, réunis dans une pièce. Je bois une gorgée avant d’enchainer, les diapos s’entrelacent et les muscles se relâchent, les mots sortent, plus fluides et distincts : la machine est lancée. Me voici en pilote automatique et lorsque les questions fusent, je puise les réponses dans mon cortex cérébral, stimulant ma mémoire de travail.
Le sens
Le visage marqué, une tâche de café sur sa blouse, il sort de garde. Il s’assoit, fouille sa poche intérieure pour en sortir un de ces nouveau paquet neutre. L’allumette craque, la fumée s’élève tout comme la douce nicotine qui apaisera son esprit fatigué. Portable à la main, air-pod enfoncés, il active la « lecture aléatoire » : les notes synthétiques du nouvel album de Bleu Toucan commence à le réveiller : « Le Hublot », titre parfait pour s’évader, quitter un instant les murs grisâtres de cet hospice parisien.