Les femmes et la guerre
Au loin, quelques voitures klaxonnent. Le soleil, lui, se lève à peine sur le jardin du Luxembourg, ses rayons réchauffant quelques rêveur assis sur leurs bancs. Des hommes aux costumes impeccables et attaché-cases côtoient ici et là des marathoniens en sueurs s’étirant contre un arbre. Je me faufile parmi eux pour atteindre la porte du Sénat.
Le ruban rouge
Une douce lumière filtre à travers les volets de la chambre de garde, déposant sa chaleur sur ma joue humide. Devant le vieux bureau de bois, penché sur ce petit carnet de cuir noir moleskine, stylo en main, j’essaie d’ancrer dans le papier mes émotions, mes états d’âme de la nuit. Chaque phrase est reproduite sur les lignes tracées telle que ma pensée me les livre.
La sensation
Un picotement au bout des doigts, une douleur dans le bas ventre puis un frisson qui remonte, serre et prend la gorge. Une sensation désagréable s’installe, investit le corps, se niche au fond de l’âme. Serait-ce un des symptômes du syndrome de l’imposteur, la culpabilité, inaccessible à la raison et difficilement à la réassurance ?
Le litige
Début octobre, l’humoriste et interne en médecine Aviscène twittait « La psychanalyse c’est un peu l’homéopathie de la psychiatrie. En cours j’ai vu un courrier d’un psychanalyste qui avait vu un enfant et qui parlait de complexe œdipien, de recrudescence de stade anal. Alors que c’était juste un enfant avec un TDAH qui avait besoin de ritaline. » Suite à cette intervention, la twittosphère s’est, comme à son habitude, enflammée: Levée de boucliers des psychanalystes, intervention des anti « fakemeds », relativisme des pédopsychiatres. Difficile de faire le point dans cet entremêla d’argumentaires, chacun défendant sa chapelle.
Le partage
Fin d’un stage, début d’un nouveau. L’interne doit être adaptable, tous les six mois il change d’équipe, d’unité, de pratiques. En plus des soins qu’il prodigue aux patients, il garde son statut d’étudiant. Il passe de la théorie à la pratique, il est là aussi pour comprendre, découvrir et apprendre. Six années d’études, de travail, de révisions constituent de solides fondations. Une base sur laquelle l’interne va ériger son projet, composer et assembler ses connaissances.
L’expertise
En novembre, je me suis inscrit au séminaire d’expertise psychiatrique animé par le Dr Zagury. De l’infanticide aux « tueurs en série », j’ai découvert le monde de la criminologie, cette rencontre entre la justice et la médecine. Ainsi, tous les quinze jours, deux « cas » étaient présentés, analysés, disséqués afin d’essayer de comprendre les mécanismes qui peuvent faire basculer les hommes dans la folie.
Le messager
J’allais écrire un texte sur la raison, un article scientifique, un billet dont les fondations sont ancrées dans l’Evidence Based Medecine, quand la mort a fait irruption. Brutalement, accidentellement, de manière inattendue. Il m’a fallu du temps pour poser des mots, construire des phrases, nommer l’ensemble des émotions et des sensations que j’ai pu ressentir. Une impression d’étouffer irréel, de suffoquer sous le poids d’une telle annonce.
Le silence
« La parole est d’argent mais le silence est d’or » adage bien connu qui peut prendre tout son sens en psychothérapie. Récemment, au cours d’un entretien, un patient s’est confié sur un événement traumatique. Il posait chaque mot avec précision, les choisissant avec la plus grande des concentrations.